I- Evolution du e-commerce international ( cross border) dans le monde
Le e-commerce international ou cross border connait depuis des années une évolution très importante et la pandémie du COVID 19 n’a fait que renforcé sa croissance, le cabinet e-marketer anticipe une croissance moyenne de 16 %sur 6 ans.
Le marché mondial du e-commerce cross border devrait atteindre 5,55 billions de dollars en 2022. Ce chiffre devrait augmenter au cours des prochaines années, ce qui montre que ce type de commerce électronique sans frontières devient une option rentable pour les détaillants en ligne.
En Tunisie, Dans le cas de la Tunisie ou des pays Africaine, il n’agit pas d’une énième stratégie mais d’une nécessité afin de s’adapter à nouvelle tendance d’une économie mondialisée.
Malheursement en Tunisie il n’existe pas de stratégie déclarée pour promouvoir ce secteur malgré les multiples opportunités qu’ils représentent pour de milliers de commerçants et jeunes entrepreneurs
II- Les problèmes qui bloquent le développement du e-commerce international en Tunisie:
Durant nos multiples interventions avec des e-commerçants tunisiens, nous avons détecté plusieurs problèmes qui bloquent le développement du e-commerce cross border.
1)- La réglementation de change :
En Tunisie le dinar tunisien n’est pas une devise convertible. De ce fait les entreprises tunisiennes ont des difficultés pour payer des services externes tels que les régies publicitaires numériques Google et Facebook qui sont nécessaires pour pouvoir promouvoir et faire connaître leurs produits à l’international.
Les entreprises tunisiennes disposent d’une carte technologique mais qui reste plafonnée
- 1000 dinars pour les particuliers
- 10000 dinars pour les entreprises
- 100000 dinars pour les startup labellisées
2)- Inexistence d’une réglementation de gestion de retour de marchandises :
En e-commerce, accorder à un client qui a déjà acheté un produit la possibilité de retourner sa marchandise pour insatisfaction ou pour échange n’est pas uniquement un droit mais une obligation dictée par la plupart des lois internationales. Or lorsqu’un client qui a acheté un produit et qui voudrait le retourner en Tunisie, la douane nationale va le traiter comme étant une nouvelle importation et appliquera sur ce retour des frais qui peuvent être très élevées. Dans la plupart des cas les e-commerçants tunisiens préfèrent laisser les produits chez le client et acceptent un nouvel envoi car ce dernier coûte moins cher.
3) Une mauvaise expérience client lors de l’achat sur internet :
En Tunisie la société Tunisie monétique qui gère les paiements sur internet acceptent les paiements à l’international. Le problème est que lorsqu’une personne va passer une commande l’acheteur et obligé d’être redirigé vers un lien qui renvoie vers l’interface de paiement de la société Tunisie monétique, l’acheteur qui ne connaît pas le mode de fonctionnement des paiements en Tunisie se trouve sur une interface qui contient un lien différent du site d’origine, dans la plupart des cas il abandonne l’achat car il pense qu’il s’agit d’un mauvais fonctionnement où peut être d’un risque de piratage. A noter que la société Tunisie monétique peut accorder le droit à certains sites web d’insérer des informations de paiement directement sur le site web ce si ce dernier est doté de la certification des données bancaires PCI DSS, toutefois cette certification coûte énormément chère, par exemple en Tunisie elle démarre à 5 653 dinars par mois, de ce fait peux d’entreprises peuvent se l’offrir.
4)- Problème d’accès aux E-wallets internationales:
dans un projet e-commerce international, en termes de paiement c’est le e-commerçant qui doit s’adapter aux spécificités du marché cible et non l’inverse. Par exemple, plusieurs clients nord-américains ou européens voudraient payer par paypal pour préserver les données de leurs cartes bancaire, or plusieurs e-wallets ne sont pas fonctionnelles en Tunisie ou sont disponibles mais d’une manière limitée, ce qui peut causer un grand manque à gagner.
5) Inexistence d’une procédure spéciale pour l’export en petite quantité :
En Tunisie pour exporter même en petite quantité, la loi oblige de créer un titre d’export à 50 dinars chez la poste. Par la suite, il faut faire une autre déclaration chez la douane qui coute 10 dinars. Et si le produit est artisanal, vous devez avoir l’accord de l’office national de l’artisanat. Les couts de ces déclarations peuvent parfois dépasser la marge bénéficiaire de certains produits.
6) Difficulté de vendre sur les marketplaces internationales :
les marketplace internationales ( amazon, etsy, ebay) constituent un excellent moyen de vendre à l’international sans dépenser beaucoup d’argent dans les budgets marketing. Malheureusement la plupart d’entre eux sont inaccessibles pour les entreprises tunisiennes car d’abord ils n’acceptent pas la devise tunisienne et d’autre part ils n’ont pas de partenariat avec les banques locales, un élément fondamental pour pouvoir vérifier l’identité des vendeurs et pouvoir accéder à ces plateformes.
7) Absence de code de tracking :
Pour pouvoir exporter à l’international, il est possible d’envoyer la marchandise via DHL où via la poste tunisienne avec un prix moins élevé. Or cette dernière ne fournit pas des codes de tracking qui peuvent aider le client et le vendeur à suivre l’acheminement de la marchandise.